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Finances cantonales dans le rouge vif : une réelle opportunité pour -enfin- moderniser l’Etat jurassien

Delémont, le 26 avril 2024 – La Chambre de commerce et d’industrie du Jura (CCIJ) fait part de sa plus vive préoccupation après l’annonce des résultats des comptes 2023 de l’Etat jurassien. Ceux-ci présentent un déficit de 37,8 millions de francs, seulement réduit à 11,8 millions grâce à la dissolution de provisions. A ce rythme, le canton se retrouvera d’ici moins de deux ans avec un découvert à son bilan, qui le privera de toute marge de manœuvre pour investir pour le futur. Pour la CCIJ, cette situation difficile constitue toutefois une réelle opportunité pour les autorités cantonales, Gouvernement et Parlement, de revoir fondamentalement le fonctionnement et les structures de l’Etat.

Le non-versement des parts de la BNS, inscrites au budget pour 22,9 millions de francs, est souvent invoqué pour expliquer les difficultés financières du canton. La réalité est que même avec un tel versement, le déficit 2023 se serait encore élevé à 14,9 millions de francs !  A ce propos, la CCIJ considère que les versements de la BNS devraient à l’avenir être considérés comme des recettes extraordinaires et ne plus figurer au budget de l’Etat. En 2023, le Jura a certes dû faire face à de nouvelles charges, mais il a aussi bénéficié d’une bonne conjoncture et enregistré une hausse très sensible des impôts : 23,7 millions de francs de plus qu’en 2022 et 11,8 millions de plus que budgété. Ces importantes recettes supplémentaires n’ont manifestement pas suffi ne serait-ce qu’à équilibrer les comptes.

La CCIJ relève, dans le détail des chiffres, que l’impôt des personnes physiques a progressé de 4,7 millions de francs (+2,2%) entre 2022 et 2023. L’impôt des entreprises s’est accru de 12,2 millions en un an, affichant une progression de… 25,4%. Dans le même temps, l’impôt des frontaliers a augmenté de 7,2 millions de francs, 90% revenant toutefois aux communes. Il paraît difficile dans ce contexte d’imputer les problèmes financiers de l’Etat à un manque de recettes ou à des baisses d’impôts qui auraient contribué à creuser les déficits. La réalité des chiffres montre au contraire que le problème se situe plutôt du côté des dépenses.

Une réelle opportunité de sortir plus fort de cette crise

La situation difficile actuelle offre toutefois une réelle opportunité aux autorités cantonales de réformer les structures de l’Etat en profondeur de manière active et volontaire. Les priorités doivent être redéfinies pour tenir compte de la taille du canton et de ses moyens financiers. Ceux-ci pourraient être accrus en menant une vraie stratégie de renforcement de l’attractivité du territoire. La façon de délivrer les prestations doit également intégrer les dernières technologies notamment en matière d’intelligence artificielle. De même, la dispersion des forces et des moyens est néfaste à un Etat de moins de 75'000 habitants et montre clairement ses limites.

La CCIJ en appelle aujourd’hui à l’union de toutes les forces politiques jurassiennes pour relever ce défi et permettre à l’Etat jurassien de ressortir plus fort et plus attractif de la crise financière actuelle. Désormais au pied du mur, nos autorités, Gouvernement et Parlement, doivent urgemment résoudre l’équation qui consiste à réduire les charges de fonctionnement de l’Etat afin de conserver une capacité à investir, sans laquelle elles ne pourront bientôt plus qu’administrer les affaires courantes.

La CCIJ est disposée à soutenir les efforts des autorités, si elles le jugent opportun, et à s'investir dans les domaines où elle estime pouvoir être d'une aide pertinente.