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Enquête conjoncturelle d'automne 2023 : optimisme tempéré par le contexte mondial.

Delémont, le 2 novembre 2023 - L’économie jurassienne n’échappera sans doute pas à un ralentissement ces prochains mois. Même si l’activité demeure actuellement soutenue pour la plupart des entreprises, la grande enquête conjoncturelle d’automne de la CCIJ ainsi que les retours du terrain montrent des signes d’essoufflement toujours plus marqués. À court terme, des carnets de commandes globalement bien garnis devraient protéger le tissu économique régional de toute mauvaise surprise.

Le retour de l’inflation et le resserrement généralisé des politiques monétaires qui s’ensuit entraînent un ralentissement des principales économies mondiales, affectées également par le contexte géopolitique mondial. L’économie jurassienne, très exportatrice, commence à en ressentir les premiers effets, qui se traduisent surtout par des lissages ou des reports de commandes. Si de nombreuses entreprises travaillant à la limite de leurs capacités depuis plusieurs mois y voient une forme de normalisation, d’autres doivent dès à présent recourir au chômage partiel ou, plus rarement, procéder à des licenciements.

Globalement toutefois, 59% des entreprises ayant répondu à notre enquête font part d’une marche des affaires toujours bonne à excellente. Elles sont 13% à la qualifier de médiocre ou mauvaise, soit 8 points de plus que l’année dernière. L’optimisme reste donc de mise, même s’il est tempéré par un contexte général toujours plus imprévisible.  

L’activité devrait se maintenir à un niveau élevé dans un futur proche. Près de 85% des dirigeants anticipent des affaires au moins satisfaisantes ces six prochains mois. La proportion des entreprises plus circonspectes (16%) a augmenté en une année mais demeure minoritaire. Au-delà de six mois, un quart des entreprises s’attendent à des lendemains plus difficiles, particulièrement celles qui exportent plus de 20% de leur production. La récession qui touche actuellement l’Allemagne, les incertitudes concernant les relations avec l’Union européenne (UE) et la croissance chinoise en berne alimentent les inquiétudes.   

L’inflation et la hausse massive des coûts de l’énergie ont pesé sur les marges d’autofinancement des entreprises, qui restent toutefois bonnes à excellentes pour près de la moitié d’entre elles. Plus de 60% prévoient d’investir l’année prochaine, et même 75% dans l’industrie, des niveaux certes élevés mais inférieurs à ceux qui prévalaient avant le COVID, en 2019. Sur le front de l’emploi, un cinquième des entreprises vont encore engager, et même un quart d’entre elles dans l’industrie, alors qu’elles ont été 35% à le faire en 2023. Dans un marché asséché, recruter du personnel qualifié devrait donc rester un enjeu majeur pour les entreprises en 2024. Dans ce contexte marqué également par un léger reflux de l’inflation, l’augmentation moyenne des salaires, pondérée selon la taille des entreprises, est attendue à 2%. 

L’enquête, réalisée en partenariat avec les autres Chambres de commerce de Suisse latine (CLCI), s’intéresse également cette année à la digitalisation des entreprises et à l’usage d’outils d’intelligence artificielle tels que chatGPT. Lancée il y a moins d’une année, cette application est déjà utilisée par près du quart des entreprises, avec une proportion supérieure dans les activités de service (29%). Les usages vont des relations commerciales à la production/logistique en passant par la digitalisation du produit. 20% des entreprises qui ont répondu à notre enquête ont déjà élaboré une stratégie à ce sujet et 30% de celles qui ne font pas usage de chatGPT pensent le faire d’ici deux à trois ans. Une forte majorité (93%) est d’avis que les outils d’intelligence artificielle n’auront pas d’impact sur le nombre de leurs employés et que la législation devrait mieux encadrer leur utilisation (83%).

Par ailleurs, les entreprises qui recourent à la digitalisation au sens large y voient un moyen de simplifier leurs tâches (75%), d’améliorer leur productivité (57%), de développer de nouveaux produits/services (38%) et de diminuer leurs coûts (34%). La digitalisation, qui représente souvent moins de 15% des investissements globaux, se heurte toutefois aux coûts d’investissement (57%), aux difficultés d’intégration des technologies dans les activités (49%) et aux difficultés dans la prise en main par les collaboratrices et collaborateurs (45%). Dans ce domaine, les entreprises attendent de l’Etat qu’il améliore les conditions-cadres, en particulier par des incitations fiscales (39%), la hausse du soutien à l’innovation (35%), le développement de formations dans l’IT ou encore le développement des infrastructures, en particulier les réseaux 5G. 


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