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Enquête conjoncturelle d'automne 2024 : l’industrie ralentit fortement et n’entrevoit pas de reprise à court terme.

Le ralentissement de l’économie mondiale affecte les entreprises jurassiennes. L’industrie est particulièrement touchée en raison d’une forte baisse de la demande sur les marchés horlogers, et n’entrevoit pas de sortie de crise avant plusieurs mois. La grande enquête conjoncturelle d’automne de la CCIJ confirme ainsi qu’après les années post-COVID marquées par une très forte croissance, l’économie jurassienne demeure plus sensible aux aléas conjoncturels que les autres économies romandes.

Plus du quart des 105 entreprises ayant répondu à notre enquête font part d’affaires mauvaises ou médiocres, alors qu’elles n’étaient que 13% il y a un an. L’industrie souffre particulièrement en cette fin d’année 2024 alors que les services tirent mieux leur épingle du jeu. La croissance en berne sur certains marchés horlogers importants, en particulier la Chine, explique les difficultés actuelles et entraîne un recours important au chômage partiel pour plus d’une soixantaine d’entreprises du secteur, un chiffre plus atteint depuis 2017 (si l’on excepte la période COVID). Dans les services essentiellement tournés vers le marché intérieur, la demande reste vigoureuse.

Et la reprise ne se profile pas pour l’instant. Les dirigeants demeurent très prudents pour les six mois qui viennent, pour lesquels plus de 40% d’entre eux s’attendent encore à des affaires mauvaises à médiocres. Dans l’industrie, ce chiffre atteint même 60%, alors que les anticipations sont plus optimistes dans les services. Une grande incertitude prédomine au-delà de six mois. Après avoir pu amortir le ralentissement grâce à des carnets de commandes bien garnis, de nombreuses entreprises ont désormais épuisé cette réserve de travail et doivent adapter leurs structures à un niveau d’activité plus faible. Plus d’un tiers des entreprises ont d’ailleurs déjà réduit la voilure en termes de personnel.  

La mauvaise conjoncture pèsera sur l’investissement en 2025. Si les marges sont globalement restées bonnes cette année, plus d’une entreprise sur deux n’a pas l’intention d’investir l’année prochaine (15 points de plus qu’un an auparavant). La propension à investir restera toutefois marquée dans l’industrie (69%), qui y consacrera certainement des montants plus faibles, selon les retours qui nous viennent du terrain. Le ralentissement conjoncturel actuel, les grandes incertitudes pour le futur et une inflation en forte baisse influenceront également la politique salariale des entreprises. Globalement, elles prévoient pour 2025 une hausse moyenne pondérée des salaires de 1,2%, contre 2% en 2024.  

L’enquête, réalisée en partenariat avec les autres Chambres de commerce de Suisse latine (CLCI), s’intéresse également cette année au commerce extérieur et aux relations de la Suisse avec l’Union européenne (UE). Les réponses montrent clairement la pertinence d’une politique d’ouverture à l’égard de nos proches voisins et du reste du monde, Etats-Unis, Chine et Inde en tête. Ce dernier pays suscite beaucoup d’intérêt depuis la signature d’un accord de libre-échange avec l’AELE, dont fait partie la Suisse. De tels accords sont globalement jugés bénéfiques pour réduire les droits de douane, simplifier les formalités administratives et protéger la propriété intellectuelle (brevets). 

A propos des accords bilatéraux III, actuellement en négociation entre Berne et Bruxelles, une large majorité de dirigeants jurassiens estime qu’ils renforceront la coopération économique, sociale et politique entre les deux entités et garantiront un meilleur accès au marché européen. Les nouvelles obligations qu’ils imposeront à la Suisse font toutefois partie des bémols mis en évidence. Aucune crainte en revanche n’est exprimée concernant d’éventuelles menaces sur l’emploi. Au contraire, plus de la moitié des entreprises estiment qu’en cas de restriction d’engagement de main d’œuvre étrangère, elles devraient renoncer à des projets de développement. L’enquête montre enfin que les dirigeants attendent de connaître les résultats des négociations pour se forger un avis définitif sur leur pertinence.

Pierre-Alain Berret
Directeur de la CCIJ

 

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